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L’église Saint Pierre Saint Paul
L’église d’Amilly a été bâtie par le Chapitre de la cathédrale de Chartres qui possédait de vastes domaines tout près, à Mondonville et Dondainville. Commencée au XIIe et poursuivie au XIIIe siècle, elle fut remaniée pour les ouvertures au XVe siècle, habillée de boiseries au XVIIIe siècle. Saccagée et délaissée à la révolution, elle fut rendue au culte sous Napoléon 1er mais les campagnes militaires et le dénuement des habitants ne permirent pas de restaurer ou d’entretenir le bâtiment. Il fallut attendre le Second Empire de Napoléon III et la prospérité qui en résulta pour effectuer de gros travaux. Ainsi, la fabrique, ou conseil paroissial, construisit une nouvelle sacristie derrière le retable pour remplacer la pièce étroite au bas du clocher. Un nouveau porche d’entrée fut bâti en 1863 et des vitraux offerts par des familles locales. L’intérieur fut une dernière fois blanchi en 1924.
L’édifice de 33 m de long (2/3 pour la nef, 1/3 pour le choeur) est construit en silex et chaux renforcé aux angles, contreforts et tours de fenêtres en pierre de Berchères. La nef date du XIIe siécle comme on peut le constater en observant les deux petites fenêtres romanes, coté nord, et la corniche de bois sous le toit. À cet endroit, furent découvertes des traces de l’enduit d’origine qui ont servi de base au choix de la couleur de l’enduit exterieur. Au XIIIe siècle, le chapitre construit le choeur, un peu plus haut avec des ouvertures plus élancées; la corniche en pierre est alors soutenue par des corbeaux. Le clocher date du XIIe siècle jusqu’au nivea
u du toit de la tourelle d’escalier. Lors de la construction du choeur, afin d’harmoniser sa silhouette trapue, on édifie un niveau supplémentaire sur les bases existantes.
Le clocher au toit de forme pyramidale d’ardoises, orné de quatre fenêtres abat-son abrite deux cloches : Marie Perrine baptisée le 9 août 1767 par Jean-Francis CHAUTARD, curé de ce lieu, donne la note « la » ; donnant la note « si », Audoène, baptisée en décembre 1604 par Jehan Bourdelou curé, fut ramenée à Amilly après la démolition de l’église de Cintray. Enfin, en 1897, un legs d’Ernest Breton, notaire, permet l’installation d’horloges et d’une sonnerie dans le clocher pour que, selon la volonté du défunt, chacun puisse savoir l’heure même sans posséder de montre !
Depuis, Audoène donne l’heure.
Textes
Denis-Marc SIROT-FOREAU
Photos, mise en page
Claude JOFFIN
Chemin de croix
Les peintures
Le cadran solaire
Les vitraux
L'extérieur
Les statues
Le choeur
L'intérieur
La partie cachée
Les bannières et quelques photos
Très belle sculpture au centre de la porte du confessionnal.
(Pour le décryptage amenerle pointeur dans l’image et clic gauche)
Prévenue d’importants travaux dans l’église en 1863, l’impératrice Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III, d’origine espagnole et très croyante, voulut participer à l’œuvre d’Amilly. Elle offrit un chemin de croix orné des armoiries impériales réalisé par les ateliers Cotelle rue du Four St-Germain à Paris. Ce bel ensemble de scènes en plâtre dans un cadre de bois très décoré a malheureusement souffert de l’humidité. L’un des quatorze tableaux tomba et se brisa ; deux autres sont très endommagés. Les onze derniers tableaux restaurés sont exposés dans le porche d’entrée.
Le chemin de croix impérial
Au XVe siècle, les murs d’origine de l’église sont renforcés de massifs contreforts en pierre qui masqueront les deux anciennes portes latérales. Celle du sud vers la rue était celle de l’officialité ; celle au nord, vers le cimetière, se nommait « porte du ciel » !
A cette même époque, entre ces contreforts, de grandes fenêtres de style goth
ique sont ouvertes ; quatre au sud et une au nord avec de beaux meneaux sculptés ; il fallait éclairer les sombres églises romanes. Au XVIe siècle, on élargit la baie en grisaille au-dessus du retable et on ouvrit même une fenêtre au-dessus du porche sur le modèle de l’église de Lucé, mais l’ouverture trop importante déstabilisa le mur pignon qui se fissura. On reboucha alors en grande partie la fenêtre, ne laissant que les meneaux de l’arcade. Ces problèmes furent fréquents et, à Lucé, la fenêtre fut totalement murée.
Enfin, pour clore la visite extérieure, un double cadran solaire fut dégagé à l’angle sud de la nef lors de la restauration.
En bois, relativement récentes ou en plâtre, les statues n’ont pas d’intérêt particulier. On reconnaît au-dessus du porche la Vierge (1) puis en partant vers la gauche en entrant, St-Antoine de Padoue (2) ; la Vierge des douleurs ou la Piéta (3) ; Ste-Marguerite écrasant le dragon (4) ; Ste-Thérèse de l’enfant Jésus (5) ; St-Ouen (6). Sur le retable, St-Joseph et le Sacré Cœur de Jésus (7) puis la Vierge Marie écrasant le serpent (8) ; la Vierge de l’Immaculée Conception (9), St-Pierre (10) et enfin St-Jean-Baptiste (11) offert par un mécène.
La couleur de fond de la peinture murale a servi de base à la teinte intérieure des murs de l’église pour que le « dit » s’harmonise bien avec la couleur du fond environnant.
La restauration de l’édifice s’est poursuivie par le réaménagement du carrefour en vue de dégager la perspective sur l’église. Un bel éclairage nocturne est venu compléter l’ensemble.
Avant la restauration, on s’étonnait que le chœur ne soit pas éclairé côté nord alors qu’au dehors des tours de fenêtre de pierre étaient bien visibles. C’est sur ce mur aveugle que furent découvertes les peintures représentant le « dit » (prononcer « dites ») des trois morts et des trois vifs. Cette peinture fut réalisée fin XVe siècle début XVIe par un artiste anonyme. Cette légende morale avait pour but d’inciter les gens à la vertu, de frapper l’imagination à une époque ou peu de gens savaient lire, par les images. Au centre de la composition, un calvaire dont on voit la base symbolise la croisée des chemins ; d’un côté, trois squelettes représentés ici sans leur linceul (cas assez rare) et portant chacun des objets symbolisant la mort (flèche, pioche, sablier, faux, bêche, cercueil). Chaque mort en porte deux ! De l’autre côté, trois jeunes et riches cavaliers magnifiquement habillés partent à la chasse avec leurs chiens. Ils voient apparaître les trois squelettes au détour du chemin. L’un des cavaliers, effrayé, a déjà fait demi-tour. Les morts sont là pour les mettre en garde « Voyez. Nous aussi étions riches et puissants et voyez ce que nous sommes devenus ! » Parabole de la vie et de la mort, la richesse et là pauvreté, la beauté et la laideur. Une leçon de modestie en ces temps troublés où guerres et épidémies étaient monnaie courante. La peinture polychrome montre un paysage avec une ligne d’horizon, assez rare dans ces peintures. Le décor a malheureusement souffert des ravages du temps et la partie centrale a malheureusement souffert des ravages du temps et a disparu. Les personnages sont visibles par leur fond rouge : base de travail sur lequel les autres couleurs étaient appliquées.
En plus de ce « dit » de 20 m2, les restaurateurs ont découvert quatre apôtres : deux sous la « fresque » : St-Pierre le long du retable et St-André au centre du mur. Pour l’équilibre de l’ensemble, face à eux, St-Paul et un autre apôtre ont disparu. De chaque côté de l’entrée, on peut encore découvrir St-Mathieu du côté des fonts baptismaux et St-Jude (Thaddée) de l’autre. Les six autres apôtres se trouvaient donc répartis sur les murs latéraux de la nef dont il ne reste rien.
Cet ensemble démontre qu’après avoir percé les larges fenêtres au XVe siècle, on réalisa une décoration d’ensemble de l’église avec le « dit » et les douze apôtres. Au XVIIe, un siècle seulement après leur création, les peintures commencèrent à se dégrader peut-être et n’étant plus à la mode, elles furent recouvertes d’un badigeon blanc qui fut suivi de sept autres couches ! Cet enduit les protégea mais les fit oublier et au cours des temps troublés, des infiltrations d’eau ou des réparations d’enduits les endommagèrent irrémédiablement comme le « dit » sans que personne ne le sache car aucune archive ne mentionnait ces peintures murales.
Les décors d’origine furent sans doute détruits à la révolution, il n’en subsiste que deux fragments dans les lancettes de la grande fenêtre nord, On y voit deux anges sur fond bleu de Chartres mais l’un des anges a une tête de Christ transformée. Il s’agit sans doute d’un fragment de vitrail brisé conservé par un pieux paroissien et qui fut replacé dans la composition lors de la réfection des vitraux après la révolution. Ces deux vestiges du XVIe laissant supposer l’importance des vitraux de l’église ainsi que leur richesse de couleurs. L’autre élément ancien est le grand vitrail en grisaille blanche au-dessus du retable, datant du XVIIIe siècle. Ne présentant pas de caractère religieux, il fut sans doute épargné ; lors de la restauration, on y a replacé les deux colliers de St-Michel isolés sur l’ancien vitrail de Ste Anne.
Les autres vitraux datent des XIXe et XXe siècles. Ainsi en entrant à gauche, côté nord, une grande fenêtre de 1924 offerte par Monsieur HUET représente Ste-Thérèse de l’enfant Jésus. Elle est encadrée, dans les fenêtres romanes, de deux vitraux de 1999 représentant le père Maximilien Kolbe, prêtre polonais mort en déportation lors de la seconde guerre mondiale et Ste-Bernadette Soubirous de Lourdes, en tenue de bergère, deux saints du XXe siècle. Ces décors ont été créés grâce à une souscription de l’association paroissiale d’Amilly-Cintray. Dans le chœur, les deux petits vitraux colorés autour de la grisaille ont été offerts par la famille MAUZAIZE tout comme le grand vitrail néo-gothique de 1902 sur le mur sud du chœur, représentant St-Louis et Ste-Thérèse d’Avila. Plus loin, un vitrail au style contemporain avec Ste-Jeanne d’Arc et le St-Curé d’Ars créé en action de grâce après la guerre 1939·1945. Sur le mur sud de la nef, un grand vitrail avec un décor coloré, orné d’une représentation de la Vierge de Notre-Dame sous terre de la crypte de Chartres offert en 1994 par un mécène. La fenêtre suivante a connu bien des aventures car, si au XVe siècle on voulait de la lumière, plus tard, au XVIIIe, on a trouvé que ce vitrail donnait trop de clarté à l’édifice et il fut muré dans sa partie basse ne laissant que les fenestrages supérieurs. Lors des travaux, en 1999, on remit la fenêtre en valeur et aux motifs colorés prévus, on put ajouter une très belle représentation de Ste-Anne et Marie offert par un généreux mécène. Le dernier vitrail de 1926 représente St-Ouen, patron de Cintray, commune voisine rattachée religieusement à Amilly après la désaffection de leur église en 1806 et sa démolition en 1835 ! D’ailleurs, St-Ouen tient une église dans sa main mais loin d’être une cathédrale comme les représentations habituelles, elle s’apparente à une petite église de village. Peut-être pourrait-elle être un rappel de l’église de Cintray ?
Le choeur est bordé de belles boiseries Louis XV aux médaillons sculptés de décors floraux composés des mêmes motifs, mais agencés différemment. Lors de la restauration, ces boiseries furent ajustées pour laisser apparaître une belle corniche de pierre demi-ronde qui court de chaque coté du choeur. On peut voir également deux croix de consécration. Lors du démontage des boiseries, on vit réapparaître, au sens ancien bien entendu, une « piscine » du XIIIe siècle composée d’une niche de pierre avec bacs circulaires et une
étagère servant pour le service liturgique. On voit encore dans l’arcade des traces de décor polychrome, sans doute un Christ bénissant ! N’étant plus à la mode, la niche fut dissimulée sous les boiseries au XVIIe siècle. Dans cet ensemble de boiseries, on remarque le très beau retable en chène très travaillé qui occupe tout le fond du choeur. L’ensemble précédé d’un belle marche en pierre double s’articule autour d’une grande toile anonyme du XVIIIe siècle représentant les saints patrons d’Amilly, St Pierre et St Paul. Le tableau donne la verticale de la Trinité, la colombe dans le ciel d’azur et d’or, le calice entouré d’angelots du tabernacle et agneau pascal sur l’autel.
Les bannières et quelques photos anciennes
La statue de St Ouen
sur son autel originel situé à gauche.
On peut voir, complètement à gauche, un cadre du chemin de croix qui était dans l’église mais qui fut remplacé par des petites croix en bois
Le choeur décoré
Pour l’assumption.
Toute la population participait à la décoration.
Quelques acrobates escaladaient la poutre centrale pour fixer les glycines qui furent enlevées après la guerre.
Les deux premières bannières participaient à une fête qui durait 3 jours. Une procession se rendait à la croix située derrière le stade; à cet endroit se alors trouvait une petite cabane destinée aux vagabonds.
Durant les trois jours des rogations, les prières étaient destinées, le premier jour au foin, le deuxième jour aux moissons et le troisième jour aux vendages.
Bannière St Pierre St Paul
Ce sont les Saints patrons de la paroisse.
Pierre tiens les clefs et Paul l’épée.
Au dos se trouvent un S et un P entrelacés.
Bannière de la Vierge Marie
ou Vierge au Serpent
Cette bannière a été refaite vers 1960 car elle partait en labeaux.
Au verso on voit le A et le M de Avé Maria
Bannière de la Ste Enfance
La fête réunissait les enfants de Chine et d’Indochine. Une quête était destinée aux enfants pour qu’ils profitent de leur vie d’enfant avant de passer à l’âge adulte. Chaque enfant avait un étendard, bleu pour les garçons et rose pour les filles des paroisses d’Amilly et de Cintray.
Le Chant :
« Du fond de la Chine
Tant d’orphelins criaient vers nous.
Écoutez leurs voix enfantines.
Tant de frères secouraient nous. »
La statue de la Vierge
Située à droite.
Elle venait du choeur de N.D. De Chartres et se déplaçait dans toutes les paroisses
Pour vous, visiteur intéressé par notre patrimoine, la visite continue dans les parties non accessibles au public. Dans l’ancienne sacristie et dans le clocher se cachent des trésors.
Le coffre fort de la paroisse
Il a aujourd’hui perdu sa fonction d’antan; il sert plus de fourre tout que de coffre fort.
L’accès au clocher
Tout en pierre, cet escalier en colimaçon permet d’atteindre une petite salle juste au dessus de la sacristie.
Le mécanisme de l’ancienne horloge
Bien protégé par un coffrage en bois, il sera bientôt nettoyé pour être exposé au public. Vous le voyez actuellement dans le porche d’entrée.
L’accès aux cloches
L’échelle en bois mène à un trou dans le plancher. C’est là que l’on peut voir les cloches mais il faut pouvoir y passer !
La commande des cloches
A l’origine, le clocher était prévu pour une seule cloche; dans la plafond, on remarque les deux trous, bouchés par des chevilles en bois, de passage de la corde de manoeuvre. Le gros trou central était pour le lourd contrepoids de l’horloge
Marie Perrine
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Baptisée le 9 août 1767 par le curé du lieu Jean-Francis CHAUTARD.
Elle sonne un « la3 » (435Hz).
Diamètre 905 mm
Poids : 432 kg
Parrain et marraine Marie Jeanne Lavollé et Jean Guérin laboureur et syndic de la paroisse
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L’inscription sur la cloche
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LAN 1767 A ETE BENIE PAR MRE IEAN FRANCIS CHAVTARD CVRE DE CE LIEU NOMMEE MARIE PERINNE PAR JEAN GVERIN SYNDIC ET PAR MARIE JEANNE LAVOLLE EPOVSE DE JEAN DHONNEVR LABOVREUR LOUIS GVERIN ET CLAVDE LHONORE GAGIERS
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Audoène
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Baptisée en décembre 1604 par Jehan BOURDELOU curé.
Elle sonne un « ré4 » (581Hz).
Diamètre 636 mm
Poids : 151 kg
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L’inscription sur la cloche
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DE LARGANT DE ME HILAIRE DVMOULIN CVRE JE FVS FAICTTE POUR CINTRE EN DECEMBRE 1604 ET NOMMEE AVDOENE ME JEHAN BOVRDELOV QVRE ET HONORE ROSCE GAGERS
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Hôte de notre église où elle fut amenée, suite à la démolition de l’église de Cintray, cette cloche donne l’heure aux amilliens. Sur la photo on distingue le dispositif électrique avec son marteau déclenché par l’horloge centrale.
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Louis Paul
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Baptisée le 9 août 1767 par le curé du lieu Jean-Francis CHAUTARD.
Parrain et marraine Barbe Renard et Louis Guérin laboureur et gagier.
Cette cloche a disparu, peut être pendant les événements perturbés de la révolution ou des guerres, les ennemis, à la recherche de métal, les transformaient souvent en boulets de canon !
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Une recherche dans les registres d’état civil de la commune a permis de retrouver l’acte de baptême de Marie Perrine et Louis Paul.
La voute en berceau couverte de bardeau de pich’pin repose sur huit entrains (croisements de poutres) dont l’un est
orné d’un médaillon avec deux clés. On remarque le vaste espace intérieur : 33 m de long, 10 m de large pour la nef, 7 m pour le choeur plus élevé. La nef est meublée de très anciens bancs-dos en chêne. Lors de leur dépose pendant les travaux, le sol effondré laissa apparaître des restes d’anciennes sépultures.
En effet, comme dans toutes les églises, les membres de la famille seigneuriale, les GUYARD à Amilly, et les prêtres étaient inhumés dans l’église jusqu’à la fin du XVIIe siècle. On découvrit également un pavage relief polychrome représentant sans doute des donateurs mais les têtes ont disparu. Le sol fut stabilisé et recouvert d’une chape de ciment. La nef compte également d’anciens bancs drois le long des murs.
À ce très bel ensemble Louis XV, on peut ajouter les fonts baptismaux ainsi que le confessionnal à la belle porte ajourée. La chaire en sapin ne date que de 1861! Les boiseries de belle facture montrent à l’évidence une prospérité des domaines ecclésiastiques de la paroisse.